Provision médicinale : pots et sacs de plantes séchées

Provision médicinale : pots et sacs de plantes séchées

Séchage à plat sur moustiquaire de grade alimentaire, dans un courant d’air

Séchage à plat sur moustiquaire de grade alimentaire, dans un courant d’air

Infusion d’ortie : feuilles séchées trempées quelque temps dans l’eau température pièce, jusqu’à force désirée (selon la couleur de l’eau). Boire tel quel. Voir l’article sur les INFUSIONS

Infusion d’ortie : feuilles séchées trempées quelque temps dans l’eau température pièce, jusqu’à force désirée (selon la couleur de l’eau). Boire tel quel. Voir l’article sur les INFUSIONS

LES BASES DE LA MÉDECINE AUTOCHTONE

Depuis le début de mon projet d’écriture, j’ai mis une seule condition : avoir le livre de base avant de se procurer les livres suivants.

La raison : les bases de la médecine autochtone sont différentes de l’herboristerie à l’européenne pratiquée par la plupart des gens.

Je ne peux forcer personne à lire la base, mais chaque fois que j’envoie une collection, j’espère que la base sera lue et comprise, avant d’essayer de pratiquer les usages autochtones trouvés dans les monographies. Malheureusement, je constate que trop souvent, la base n’est pas lue, pour toutes sortes de raisons:

J’ai un diplôme en herboristerie, je sais faire des infusions et des décoctions, pas besoin de lire ça.

J’ai pris un cours de base en herboristerie, pas besoin de relire ça.

Ça fait 20 ans que je me soigne avec les plantes, pas besoin de lire ça.

J’ai déjà lu l’introduction d’autres livres d’herboristerie, pas besoin de lire ça.

L’herboristerie européenne est basée sur la science, moi je veux juste savoir ce que les indiens font avec les plantes.
Alors pas besoin de lire ça.

J’ai déjà plein de livres d’herboristerie, alors pas besoin de lire ça.

J’ai eu des cours avec une aînée ou un shaman (qui parfois pratique à l’européenne…), alors pas besoin de lire ça.

Le problème, c’est que ceux ‘‘qui savent’’ sautent directement aux monographies, vont voir les usages autochtones, puis transforment les plantes à l’européenne, selon ce qu’ils ont appris. Ils passent carrément à côté des bases de la médecine autochtone puis m’écrivent pour me dire que les remèdes essayés ne fonctionnent pas. En posant quelques questions, je comprends qu’ils n’ont pas lu la base et qu’ils croient que les usages autochtones peuvent simplement s’ajouter aux usages européens qu’ils connaissent déjà.

Parmi les questions qu’on me pose le plus souvent :

…et qui prouvent que la base n’a pas été lue et/ou que le regard sur la médecine par les plantes n’est pas autochtone…

TU PRENDS QUOI COMME ALCOOL POUR FAIRE TES REMÈDES?

AUCUN. Les aînés autochtones qui font des remèdes dans l’alcool ont appris à l’européenne. Ce n’est pas traditionnel, même s’ils prétendent le contraire. L’alcool est un poison, point. Faire un remède dans un poison est un contresens, surtout dans un milieu où l’alcool fait autant de ravages. Dans la vie traditionnelle nomade de la forêt, on ne transporte pas des bouteilles en vitre dans les bagages. On n’entrepose pas non plus toute une série de petites bouteilles de teintures-mère dans une armoire, dans la tente. Un des principe de BASE BASE BASE en médecine autochtone : PAS D’ALCOOL.

Les plantes sont utilisées entières, fraîches ou séchées. Elles sont transformées au moment de les utiliser seulement.

Oui ça prend plus de place dans une maison ou dans une cuisine, des pots de plantes séchées, comparativement à des petits flacons de teinture-mère. Certain(e)s ont une grande collection de petits flacons, l’équivalent parfois de plusieurs bouteilles de fort… Utilisez-vous vraiment 50 plantes différentes pour vous soigner? Dans le cas des personnes qui achètent des petits flacons de teintures-mère en magasin, sous les recommendations d’une herboriste ou d’une conseillère en produits naturels, savez-vous seulement À QUOI ressemble la plante que vous ingérez, dans votre petite dose d’alcool fort? Avec-vous créé UN LIEN avec la plante? Pensez-vous vraiment que quelques gouttes d’une plante dans de l’alcool va vous guérir, comme si on avalait une pilule?

(Pilule qui, soit dit en passant, ne guérit rien mais ne fait que contrôler des symptômes…)

Ceux qui me demandent comment faire une teinture-mère n’ont pas lu ou n’ont pas compris LA BASE.

COMBIEN DE GRAMMES DE PLANTES DANS COMBIEN DE LITRES D’EAU? POUR COMBIEN DE TEMPS?

COMME TU VEUX. COMME TU LE SENS. COMME TON CORPS EN A BESOIN.

Dans le bois, il n’y a pas de tasse à mesurer, de balance, de pipette graduée, d’horloge ou autre instrument de mesure précise. Depuis le début de l’humanité, les plantes et le genre humain cohabitent de façon simple et naturelle, sans recettes en quantités précises. La mode de tout mesurer ça fait scientifique, ça fait précis, c’est rassurant. Vous trouvez logique qu’une dose de tant de grammes de plantes séchées dans tant de litres d’eau, ça convienne à tout le monde, peu importe l’âge, le poids, la grandeur ou la condition de santé?

En médecine autochtone, il y a toujours UN LIEN entre soi et la plante. C’est notre corps qui décide de la posologie : une main de cèdre, un demi-bras de sapin, une pincée de poudre de lycopode…une bouchée, une gorgée, une poignée, un creux de main…

La quantité d’eau dépend souvent de l’eau qu’on a envie de boire. Une tasse, une bouteille, un petit chaudron, un gros chaudron…

Le temps du traitement dépend de notre discipline personnelle, de notre condition de santé, de nos moyens, de notre motivation et du temps de guérison personnel à chacun.

C’est le corps qui dit si on a pris trop ou assez. C’est le corps qui dit si on peut en prendre encore. Oui il y a des risques, d’où l’importance de bien apprendre les propriétés et les contre-indications d’une plante avant de l’utiliser. Rares sont les gens qui vont essayer, juste pour le trip, des remèdes à base de plantes mortelles ou dangereuses. La plupart du temps, le pire qui peut arriver si on dépasse la dose que notre corps peut accepter, c’est de transpirer abondamment, de vomir ou d’avoir la diarrhée. Ça fait partie des apprentissages.

C’est pas rassurant pour vous d’y aller en écoutant votre corps? De suivre votre intuition? De découvrir votre propre médecine? D’adapter votre dosage selon vos préférences personnelles et selon vos besoins du moment? De reconnecter à la mémoire ancestrale bien logée dans l’ADN de chacune de vos cellules? Alors la médecine autochtone n’est pas pour vous.

Ceux qui me demandent des quantités en grammes et en litres n’ont pas lu ou n’ont pas compris LA BASE.

AS-TU UN MODÈLE DE DÉSHYDRATEUR À ME RECOMMANDER?

NON. Je n’ai pas non plus de-température-idéale-dans-le-four-juste-avec-l’ampoule. En médecine autochtone, on ne cuit pas les plantes pour les faire sécher. Même si c’est un séchage à température basse, ça reste quand même une cuisson légère qui apporte une certaine perte de médecine. Un déshydrateur, c’est bon pour faire sécher de la nourriture à conserver, pour enlever l’eau dans les fruits, les viandes, les légumes…

Je comprends les besoins des entreprises qui vendent des quantités énormes de plantes médicinales : faut que ça sèche vite et efficace. La qualité du produit reste secondaire, on mise sur la quantité et la rentabilité. Mais chez vous, dans votre cuisine, pour votre famille?Avez-vous besoin de procéder aussi rapidement? Pourquoi faire sécher en quelques heures des plantes qui vont perdre une partie de leurs propriétés dans le processus, des plantes que de toute façon, vous n’allez pas utiliser immédiatement? Ça change quoi de laisser le temps à la plante de sécher doucement, naturellement, dans un courant d’air? Je vais vous dire ce que ça change : du respect pour la plante qui a conservé toutes ses propriétés médicinales.

De plus, couper la plante ou les racines à sécher en petits morceaux, c’est de la perte de médecine dans l’air, à chaque coupure. La plante ou la partie de plante est séchée entière, comme on la trouve en nature. On la coupe en morceaux ou on la réduit en poudre au moment de l’utiliser seulement. Encore là oui, ça prend de la place, entreposer des plantes séchées. Faut se faire un espace pour les accueillir, chacun ses priorités.

Ceux qui me demandent comment faire sécher des plantes rapidement et à l’électricité n’ont pas lu ou n’ont pas compris LA BASE.

JE FAIS QUOI AVEC MA GROSSE RÉCOLTE DE…?

POURQUOI? Pourquoi en avoir cueilli autant?

Parce qu’il y en avait beaucoup! Ah… Parce que je veux en vendre! Ah…

On fait quoi, quand on n’a pas cueilli seulement ce dont on a besoin? Qu’on n’a pas demandé à la plante avant de sauter dans la talle? Qu’on n’a pas connecté avec elle et qu’on s’est servi abondamment parce qu’on voit l’abondance? Qu’on pensait pouvoir en vendre et se faire de l’argent sur le dos d’une plante à la mode? Qu’on finit par perdre notre récolte et gaspiller, parce qu’on a trop cueilli?

Ce genre de comportement ne se manifeste pas quand on pratique vraiment la médecine autochtone. Quand on respecte la ressource. Quand on demande avant de prendre. Quand on remercie, qu’on honore et qu’on prend soin des plantes.

En attendant de connecter avec les Êtres végétaux, le surplus peut être partagé, être mis au compost, être redonné à la nature. Je n’ai pas de réseaux pour vendre votre surplus pour arrondir vos fins de mois. Les plantes sauvages de nos forêts ne sont pas pour moi des produits.

Ceux qui me demandent comment gérer ou vendre des grosses récoltes n’ont pas lu ou n’ont pas compris LA BASE.

QU’EST-CE QU’ON PEUT FAIRE AVEC TELLE PLANTE?

PLEIN DE CHOSES!!!! C’est probablement une des questions qui m’irritent le plus. Comment répondre à cette question, quand la personne ne sait rien des bases de la médecine autochtone? Quand il faut expliquer les méthodes de base? Quand la réponse à un email correspond à un cours complet ou à la lecture du livre de base? On s’attend à ce que je fasse un résumé des propriétés de la plante, un cours 101 des méthodes traditionnelles, ou encore mieux, que je partage gratuitement la monographie que j’ai écrite sur elle.

Ceux qui me demandent comment utiliser les plantes n’ont pas lu ou n’ont pas compris LA BASE.

AS-TU UNE PLANTE POUR SOIGNER TELLE AFFAIRE?

OUI ET NON. Oui il existe toujours une ou des plantes pour chaque condition de maladie humaine. Mais : êtes-vous prêts à changer vos habitudes? À manger mieux? À cesser de faire ce qui vous rend malade? À vous discipliner? À être patient sur les résultats? À trouver la CAUSE de votre problème de santé et à AGIR? Êtes-vous prêts à devenir RESPONSABLES de votre propre guérison?

Êtes-vous prêts à aller cueillir votre plante, à lui demander guérison, à connecter avec elle, à la transformer avec respect, à la consommer chaque jour jusqu’à votre guérison? Êtes-vous prêt À PRENDRE LE TEMPS nécessaire pour laisser la plante agir? Êtes vous prêts à TRAVAILLER sur vous pour une véritable guérison?

Ou bien vous posez la question dans l’espoir de vous faire recommander une plante “clé en main” qui va vous soulager rapidement sans effort? Vous pensez que les plantes agissent comme une pilule ou une crème de pharmacie, avec soulagement rapide des symptômes? Alors la médecine autochtone n’est pas pour vous et dans ce cas, il n’y a aucune plante qui peut soigner une condition que vous traînez depuis des années.

Ceux qui espèrent une guérison rapide et miraculeuse n’ont pas lu ou n’ont pas compris LA BASE.

VEUX-TU UNE TISANE?

BIEN SÛR! Et je regarde la personne verser l’eau dans la bouilloire, la brancher, attendre que l’eau devienne bouillante, puis verser l’eau sur les feuilles. J’attends que la personne me tende la tasse pour lui dire : je te remercie, mais je ne vais pas boire ta tisane. HEIN? Pourquoi?

Parce que tu n’as pas retenu ce que je t’ai enseigné. Parce que tu n’as pas lu le livre de base qui explique comment faire des infusions sans perte de médecine. Parce que tu continues de faire comme tu as appris, alors que j’ai expliqué tellement de fois pourquoi verser de l’eau bouillante sur des plantes ne fait pas partie des pratiques de la médecine autochtone. Parce que dans ta tisane bouillante, tu as relâché les huiles essentielles mais tué toute la médecine dans la plante.

Parce que rien de vivant ne survit dans l’eau bouillante. Et que la médecine d’une plante, c’est vivant.

Une herboriste thérapeute me dit une fois : OUI MAIS!!! C’est long faire tremper!! Mes clients n’ont pas le temps de faire ça, alors que mettre de l’eau bouillante c’est aussi vite que se faire un café, ça fitte dans leur rythme de vie… (pareil comme prendre des gouttes de teinture, d’ailleurs…)

Quelle tristesse… Qu’est-ce qui cloche? La méthode de trempage ou le rythme de vie? On peut faire tremper pendant la nuit, le matin pendant la douche, le matin dans l’auto durant l’heure dans le trafic, sur l’heure du diner au travail… On peut faire autre chose pendant que la plante infuse. Je dis souvent : ceux qui veulent trouvent les moyens, ceux qui ne veulent pas trouvent des excuses.

Qu’est-ce qui est mieux? Une plante qui a trempé lentement et qui conserve toutes ses propriétés médicinales et toute sa saveur… Ou une plante ébouillantée rapidement qui perd son goût et sa médecine? Vite vite vite!!

Ceux qui ébouillantent leurs plantes pour faire une tisane n’ont pas lu ou n’ont pas compris LA BASE.

ALORS, LA BASE?

Dorénavant, quand je recevrai une question de BASE, je vais simplement envoyer le lien de cet article. À défaut de lire la BASE, peut-être qu’un article qui résume les principales différences s’accorde mieux au rythme de vie accéléré auquel la plupart des gens sont confrontés? Parce que PRENDRE SON TEMPS, faire les choses en conscience, suivre un rythme naturel et prendre soin de son lien à l’environnement…ça fait aussi partie des bases de la médecine autochtone.

Prenez soin de vous

et prenez soin des plantes.

La Métisse

mai 2021