SAUGE DES FEMMES

Durant mes années de voyages, je me suis souvent demandé : C’était quoi, ‘‘nos sauges’’ de cérémonie, avant que le gros bâton de Salvia apiana / de sauge blanche ne soit à la mode?

Et c’est ainsi que d’une région à l’autre, j’ai rencontré des dizaines de sauges. Plusieurs dans le désert d’Arizona, quelques unes dans la toundra du Québec. J’ai senti et touché, fumé, goûté ou respiré… ici ‘‘la p’tite sauge’’ et ailleurs ‘‘la grande sauge’’. J’ai vu de la sauge blanche, verte ou argentée. Et aussi une sauge grise, qui s’appelle la sauge noire.

Botaniquement parlant, les ‘‘vraies sauges’’ sont de la famille des Salvia et qu’il n’y en a pas au Québec.

Par contre, j’ai appris que de façon culturelle, plusieurs plantes s’appellent ‘‘sauge’’ sans distinction pour leur famille botanique.
Plusieurs plantes aussi s’appellent ‘‘sauge des femmes’’. Plusieurs sauges aussi se ressemblent. Plusieurs sauges différentes portent aussi le même nom. Il y a des sauges partout dans le monde. Elles ont toutes en commun d’être des plantes odorantes faciles à sécher et à brûler.

Notre ‘‘sauge des femmes’’ pousse surtout dans la forêt boréale et la toundra. Un jour j’ai compris que son souvenir était encore en vie, quand j’ai vu une vieille femme du nord de l’Ontario (indienne ou métisse, on l’sait pas…*) se faire une boule de feuilles en la roulant entre ses mains. Woman sage. Anaphale marguerite. Immortelle. Anaphalis margaritacea.

USAGES DIVERS

Rouler des feuilles fraiches entre ses mains sert de désinfectant. Son huile essentielle est bactéricide. Son odeur est camphrée et calmante. Elle s’appelle ‘‘sauge des femmes’, parce que traditionnellement, ce sont les femmes qui mettent au monde, qui touchent les corps, qui lavent les morts, qui soignent les vieux et qui transportent les enfants.

Mais qu’on soit homme ou femme ou les deux ou aucun des deux ou un peu des deux…
Avant et après toucher quelqu’un, on peut nettoyer ses mains physiquement mais aussi énergétiquement.

La plante peut être ajoutée à du cèdre ou d’autres variétés de sauges pour faire sécher, bien ficelée en bâton de cérémonie.

Une petite boule de feuilles peut se déposer sur un tison brûlant, pour dégager une douce fumée pour respirer ou purifier.

Les feuilles fraiches peuvent être déposées au fond des tiroirs, pour éloigner les mites et donner une bonne odeur aux couvertures et aux vêtements.

Mâcher les feuilles aide le mal de gorge et les infections dans la bouche.

Avaler les feuilles mâchées est un antidote à un possible empoisonnement alimentaire en forêt.

Entre autres nombreux usages.

RESPECT POUR LA PLANTE

Connaitre et respecter le cycle de croissance de la plante pour l’aider à se propager naturellement.
(c’est bon à savoir pour toutes les plantes qu’on cueille, qu’on coupe ou qu’on arrache.)

Dans le cas de ‘‘notre sauge’’ :

Elle survit à nos hivers, elle aime le nord, le soleil et le sable.

Ce n’est pas une plante à mettre en décoration dans une plate-bande. Elle a besoin d’espace et de liberté, dans toutes les directions.
Elle se multiplie principalement de façon souterraine et peut former de grands bosquets serrés, avec le temps.

La plante est dioïque (comme l’ortie ) : ses fleurs femelles sont sur un plant et ses fleurs mâles sont sur un autre. Les deux poussent ensemble et entremêlés et peuvent être cueillis sans importance au genre de la fleur. Pour aider la plante à se reproduire, il faut laisser les deux genres dans la talle. Grâce au pollen d’été des fleurs mâles, les fleurs femelles donneront à l’automne des beaux pompons duveteux, remplis de graines. Pompon qu’on peut déposer doucement au sol, un peu plus loin, comme transporté par le vent.

Prenez soin de la plante.

Prenez soin de vous

La Métisse

sept 2021