MOUSTIQUES

Vous trouverez dans cet article les conseils d’expérience d’une fille de bois qui vit au paradis de la mouche noire. Chaque année, on me pose la question : Y a t-il une plante pour combattre les mouches noires, les maringouins et tout autre insecte piqueur? Quelle plante de la forêt peut servir à se fabriquer un répulsif efficace?

Il n’y a malheureusement pas de plante miracle pour ça. Il n’y a aucune plante dans la forêt qui a l’efficacité des répulsifs chimiques du genre DEET. Il y a bien des mélanges plus naturels à base de citronnelle et d’huiles essentielles qui peuvent aider un petit moment, le temps que les huiles essentielles s’évaporent. Les répulsifs commerciaux sont des poisons, des insecticides qui entrent dans votre corps par vos poumons et votre peau. Les répulsifs naturels ne durent pas longtemps et finissent par irriter la peau. Alors… que faire?

LA VIE DANS L’BOIS

Ce qui combat les mouches noires et cie, ce ne sont pas des plantes, ce sont des HABITUDES, des connaissances et une certaine philosophie de vie.

Notre monde moderne a tendance à contrôler, voire même à tuer, tout ce qu’il considère nuisible à l’humain, en particulier les insectes piqueurs. Cette philosophie du contrôle de la nature amène des actions contraires à la vie et à la santé, comme par exemple l’arrosage intensif de zones habitées pour le contrôle des insectes piqueurs, où on asperge les forêts environnantes d’insecticide lâché des airs par avion, ou encore en déversant de l’insecticide directement dans les plans d’eau où se reproduisent les insectes. C’est aussi cette philosophie qui a rendu normal l’usage d’insecticide portatif à vaporiser ou à étendre directement sur les vêtements ou sur le corps.

Dans un monde où on respecte l’ordre naturel des choses, on comprend que malgré les piqûres désagréables qu’ils apportent à l’humain, les insectes piqueurs sont à LA BASE de toute la chaîne alimentaire animale, dès le début du printemps. Sans insectes, les oiseaux, les libellules, les grenouilles et autres petits amphibiens ne peuvent pas se nourrir. Plus loin dans la chaîne, tous les grands animaux qui se nourrissent des petits animaux finissent eux aussi par disparaître. Arroser une forêt contre les insectes, c’est la condamner à la mort.

Pour combattre les insectes piqueurs de façon naturelle, il faut simplement comprendre ce qui les attire! Cette connaissance amènera ensuite les bonnes habitudes à adopter pour en être moins incommodé, tout en préservant la source première de nourriture pour des centaines de formes de vie de notre environnement.

CE QUI LES ATTIRE

1) LA CHALEUR : la chaleur de votre corps, votre transpiration et le Co2 de votre respiration sont les principaux indices de votre présence pour les insectes piqueurs. Les vêtements foncés attirent et dégagent aussi plus de chaleur. Donc, plus vous transpirez, plus vous avez chaud et plus ils vous trouveront. Même allongé sans bouger dans votre hamac, ils vous détecteront… en moins grand nombre. Le truc : bougez lentement, allez-y mollo et essuyez tout de suite toute trace de sueur, en particulier dans votre nuque et sous les bras.

2) LES ODEURS CORPORELLES : les odeurs que dégage votre corps par la transpiration naturelle de votre peau. Pour les insectes, vous sentez ce que vous mangez! Ils sont particulièrement friands de l’humain qui sent la bière, l’alcool, le sucre et les fruits exotiques, (banane, mangue, ananas...) Le truc : ne pas consommer d’aliments sucrés avant une randonnée en forêt. Prendre chaque jour, dès la fin de l’hiver, un bon verre de chlorophylle liquide, qui enlève les odeurs corporelles.

3) LES ODEURS CHIMIQUES : tout ce que l’humain a inventé de chimique pour “sentir bon” et “être plus attirant” : le déodorant, le shampoing, les parfums pour le corps, le spray-net, le maquillage, le savon pour le linge, les savons à main, les gels pour le corps… vous savez...toute la gamme de produits qui remplissent les pharmacies? Tous ces produits à base d’odeurs artificielles à senteur quasiment naturelle? Toutes ces odeurs chimiques qui sont en fait des perturbateurs endocriniens, qui affectent votre santé hormonale et qui plus tard, feront de vous des bons clients pour l’industrie pharmaceutique? Ces odeurs chimiques, qui ne se retrouvent pas dans la nature, n’attirent pas nécessairement le sexe opposé… mais attirent infailliblement les insectes piqueurs. Le truc : produits non-parfumés.

AUTRES TRUCS

LE VENT : les journées venteuses sont idéales pour travailler dehors, aller à la cueillette des petits fruits ou profiter du plein-air. Pour une détente sur la terrasse, un ventilateur portatif peut certainement aider à éloigner les mouches noires.

L’HEURE DU JOUR : Il y a moins de mouches noires tôt le matin, plus de maringouins en soirée, plus de brûlots pendant la nuit, moins de mouches à chevreuil le soir… Chaque espèce à son heure de prédilection et sa tolérance au soleil et à la chaleur.

LES PRÉDATEURS : Invitez chez vous tout ce qui mange ces insectes! Posez des cabanes à chauve-souris, des nichoirs pour hirondelles, aménagez un petit étang pour les grenouilles, installez des bains d’oiseaux, accueillez les libellules! (Pour les libellules, je viens d’apprendre par une lectrice qu’elles sont attirées par les chandelles de camping à la citronnelle!)

LES FILETS : vraiment le truc le plus simple pour combattre les insectes piqueurs. Il y a les filets qu’on porte par dessus un chapeau à large rebord, ou les filets qu’on installe en baldaquin au-dessus du lit, ou les abris en filet qui nous permettent de profiter de notre terrasse tout l’été. C’est l’idéal pour les mouches noires et les maringouins, malheureusement assez inefficaces contre les petits brûlots (les no-see-hem).

LA FUMÉE : dans l’optique où les feux dans la cour seront interdits pas mal tout l’été, il est possible de se faire quand même un écran de fumée dans un contenant métallique qui peut nous suivre, selon nos activités. J’aime bien l’idée d’une amie qui a pris le fond d’une vielle tondeuse, en ne gardant que la base, les roues et la grande poignée, pour faire un feu de charbon au fond. Il n’y a qu’à déposer des aiguilles mortes de conifère, des feuilles mortes, ou des herbes séchés, pour garder vivante cette fumée qui nous enveloppe et éloigne les moustiques. Le but n’est pas de faire des flammes, mais bien seulement de la fumée. Oui... on sent la boucane. Personnellement, j’aime mieux cette odeur naturelle que toutes les odeurs chimiques des insecticides qui se trouvent sur le marché…

LE GRAS : truc de bûcheron qui travaille fort et qui ne s’essuie pas la sueur aux 30 secondes : se badigeonner la peau exposée d’un corps gras comme du beurre de karité, de l’huile, de la margarine, du beurre… Ce n’est pas mon option préférée mais je sais que ça fonctionne. Je me souviens de deux bûcherons que j’avais engagés pour nettoyer ma forêt. Un des deux s’était mis de l’huile dans la nuque et derrière les oreilles, l’autre s’était vaporisé de DEET. Celui qui avait du gras n’a eu que quelques piqûres, l’autre avait la nuque en sang, simplement parce qu’en suant, le DEET s’était dilué et n’offrait plus de protection.

L’ARGILE : encore là, tout dépend de vos activités extérieures. Quand je n’ai pas envie de porter un filet en travaillant dans les jardins, je protège ma nuque, le derrière de mes oreilles et la base de mon front, à la limite des cheveux, avec une épaisse couche d’argile de rivière. C’est pas chic, j’en conviens, mais c’est très efficace. Quand l’argile sèche, j’en remets une couche, et ainsi de suite jusqu’à ce que je rentre le soir. Les insectes tournent autour mais ne peuvent pas piquer à travers la glaise. Si je reste calme, que j’essuie la sueur et que j’accepte leur présence, ma journée se passe (presque!) dans la paix et la quiétude. (En plus, l’argile, c’est super bon pour la peau!)

LES PLANTES : peu importe la plante utilisée, c’est son principe odorant qui éloigne les moustiques pour un certain temps. Les plantes qui contiennent des huiles essentielles insecticides sont principalement les conifères, le myrique baumier, le foin d’odeur, la sauge des femmes et le thé du labrador. Dans tous les cas, les aiguilles ou les feuilles fraîches, réduites en pâte et frottées sur la peau exposée, peuvent éloigner temporairement les mouches noires, tout en soulageant la douleur des piqûres. Il faut cependant répéter l’opération régulièrement, dès que les huiles essentielles ne font plus effet. Plusieurs personnes réagissent par une dermatite de contact à l’application d’huiles essentielles sur la peau ; ce n’est donc pas un remède naturel adapté à tous, en particulier aux enfants et aux peaux sensibles.

En passant, c’est vrai que les feuilles de clintonie boréale frottées sur la peau éloigne les moustiques… mais pour quelques minutes seulement. Ça ne vaut pas la peine de briser une de nos belles plantes forestières. Il y a d’autres solutions. Merci de la préserver.

POUR CONCLURE

Il existe sûrement d’autres trucs pour combattre les moustiques en forêt, je vous partage ceux que je connais. Je vous invite à réfléchir à votre façon d’aborder le problème tout en changeant des habitudes néfastes pour vous et pour l’environnement.

En vous souhaitant un bon début de printemps et un bel été!

Prenez soin de vous.

mai 2022